dimanche 8 décembre 2013

Une voix de stentor


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dimanche 1 décembre 2013

Les oracles de la Pythie


Il est à peu près certain qu'avant de descendre dans l'adyton, la Pythie buvait l'eau de la Castalie et mâchait des feuilles de laurier. C'était peut-être un genre de communion. Elle purifiait sa bouche et son esprit. Il semble que la cuvette supportée par le trépied contenait des osselets ou des fèves qui l'aidaient à trouver la bonne réponse lorsque la question était simple. On peut raisonnablement penser qu'il y avait deux fèves, correspondant aux deux réponses possibles, et qu'elle secouait le trépied pour faire tomber l'une des deux hors de la cuvette. Comment faisait-elle pour les distinguer ? J'ai aperçu un sac de fèves à l'entrée d'une épicerie, pas loin d'ici. Le marchand m'a dit que les fèves, qui sont presque blanches quand elles sont fraîches, deviennent noires en se desséchant. Disons donc que la Pythie utilisait une fève fraîche et une desséchée.
Les questions étaient généralement simples : elles étaient posées par des particuliers qui cherchaient à savoir s'ils devaient se marier, prendre le bateau, s'expatrier, accorder un prêt, cultiver la terre. Selon Plutarque, l'epsilon pourrait désigner la conjonction ei, si, qui introduisait toutes ces questions. Quand on l'interrogeait sur des sujets importants, la Pythie faisait un effort particulier. Elle répondait en vers et de façon énigmatique. Lorsqu'elle recommande aux Athéniens de se protéger des Perses derrière un rempart de bois, elle fait allusion à leur flotte. En annonçant aux Romains qu'ils devront combattre tous les peuples à la fois, elle prévoit l'insurrection de leurs esclaves qui avaient effectivement des origines très diverses. Les oracles de la Pythie étaient extrêmement populaires dans l'Antiquité, on les commentait largement, on les imitait volontiers. On se moquait de Crésus qui n'avait pas compris que l'empire dont la destruction lui avait été annoncée par la prophétesse était le sien. La Pythie répondait et ne répondait pas aux questions. Elle proposait des solutions en forme de problèmes.
Vassilis ALEXAKIS, La Langue maternelle, Fayard, 1995